Il s’agit en effet d’une « bombe à retardement », largement sous-estimée tant du point de vue technologique que financier, mais rarement prise en compte dans toutes ses réalités en début de projet.

Il arrive que des machines soient revendues dans des pays moins développés, en Europe de l’Est, et en  Afrique notamment, mais l’offre excède déjà la demande.

Le repowering (remplacement d’éoliennes obsolètes par des nouvelles, plus puissantes) exige le renouvellement des socles de béton, et par conséquent, un agrandissement de la surface au sol. Ces parcelles resteront à jamais dénaturées par des infiltrations polluantes et des restes de béton, qui ne peuvent être extraits totalement. La quantité de béton nécessaire aux fondations d’une éolienne équivaut à celle utilisée pour la construction d’un petit immeuble. De plus, les voies d’accès subiront de nouveaux chantiers coûteux et énergivores, succédant à ceux qui avaient été entrepris avant et après l’installation du site.

Le recyclage doit donc s’imposer rapidement, et tous les pays légifèrent dans ce sens. N’oublions pas qu’il s’agit d’une question de poids : plus de 300 tonnes de matériel par machine, plus de 1000 tonnes de béton armé par socle… La question est encore rarement évoquée en Suisse, le projet de Romande Energie à Sainte-Croix n’est pas plus loquace.  Alors que l’acier – principal composant des mâts – peut être découpé et recyclé, pratiquement tous les autres éléments d’une éolienne posent des problèmes technologiques encore non résolus à grande échelle.

Les pales contiennent des matériaux particulièrement compliqués à séparer une fois fusionnés : fibre de verre et de carbone, résine epoxy ou balsa. En fin de course, pour éviter la pratique méconnue mais courante d’enfouissement des pales, des entreprises se lancent dans la recherche pour recycler ces éléments : on y conçoit du mobilier urbain ou des skis, on explore des débouchés dans l’industrie automobile… une nouvelle profusion d’énergie grise, dépendante de subventions et ne profitant qu’aux investisseurs.

Dans la plupart des génératrices, les aimants permanents sont constitués de Néodyme et de Dysprosium provenant de terres rares extraites en Chine (85% de l’approvisionnement mondial). Ces éléments sont difficilement dissociables des autres pièces, et le coût de récupération est très élevé. Sans réelle solution, les aimants permanents sont encore souvent enterrés. Enercon utilise des générateurs annulaires à bobinage de cuivre, sans terres rares. Mais là encore, des risques environnementaux non négligeables existent par contamination des sols et des eaux de surface.

Combien de nuisances et de pollution, pour combien de production effective* ?

Un « parc » éolien fait miroiter un projet « vert » … le marketing et les subventions peuvent-ils suffire à cacher que le Mont-des-Cerfs deviendrait en réalité une zone industrielle ? J’espère que le dialogue reste ouvert !

Ann Croset

*production annuelle d’énergie en Suisse : 57,2 milliards de KWh / production attendue pour le site de Sainte-Croix : 22 millions de KWh, soit 0,03 %